Deux semaines entières, ils ont été déchirés entre la vie et la mort.
Dans l’attente, dans la prière. Peut-être que papa va soudainement se réveiller ? Peut-être ouvrira-t-il les yeux ou bougera-t-il les doigts ?
Peut-être que cette fois, en arrivant au service de soins intensifs, on leur annoncera une bonne nouvelle ?
Pendant deux semaines, le remarquable avrekh, Rabbi Israël Nahman Devine, est resté sous sédation et sous respiration artificielle.
Son épouse juste était à ses côtés, tandis que cinq petits enfants l’attendaient à la maison. De bons enfants, bien éduqués, imprégnés d’amour de la Torah et d’une foi profonde jusque dans l’âme.
Et maintenant, ils ont tant besoin de forces pour se lever et continuer à vivre.
Et nous… nous ne les laisserons pas seuls —
Soudainement…
« J’ai du mal à respirer », murmure Rabbi Israël en réponse à l’infirmière qui l’interroge sur sa venue.
Toute la famille était partie célébrer la fête de Pessa’h à Jérusalem. La nuit du Séder fut élevée et joyeuse, alors que le père racontait l’histoire de la sortie d’Égypte avec émotion et vivacité, comme lui seul savait le faire.
Ils ont lu la Haggada, chanté le Hallel et « Nishmat » avec enthousiasme avec leur père — et personne n’aurait imaginé que c’était leur dernier Séder ensemble…
Le matin de Hol Hamoed, peu après leur retour à Safed, Rabbi Israël Nahman s’est soudain senti très mal. Très, très mal. Son épouse était sortie avec les enfants, et il est allé seul au dispensaire. Il a reçu des instructions pour une inhalation et est rentré chez lui.
Cinq minutes plus tard, la mère et les enfants sont arrivés – et ce qu’ils ont vu, ils ne l’oublieront jamais.
Le père gisait inconscient, ne répondant pas, ne réagissant pas. Ses lèvres étaient bleues, faute d’oxygène…
Les minutes suivantes furent un cauchemar. L’ambulance filait vers l’hôpital, la mère assise près de la civière, les urgentistes penchés sur son mari tout en parlant avec les soins intensifs.
« Va-t-il vivre ? » demande-t-elle encore et encore.
Personne ne lui répond.
Cinq minutes pendant lesquelles le cerveau n’a pas reçu d’oxygène.
Cinq minutes d’une crise d’asthme foudroyante qui ont causé des dégâts irréversibles.
Au lieu d’étudier des heures durant, comme il aimait tant — Rabbi Israël Nahman est allongé inconscient aux soins intensifs, sous sédation et assisté d’un respirateur.
Et à la place des doux chants de Guémara qu’il avait l’habitude de fredonner avec ferveur — c’est le silence qui hurle.
C’était un immense érudit ! Un avrekh raffiné, connaissant chaque paragraphe du Choul’han Aroukh.
Il aspirait à étudier la Torah « lichma », pour elle-même, et cela faisait plusieurs années qu’il refusait même la bourse du kollel…
Son Rav l’avait convaincu de recevoir une semikha (ordination rabbinique), mais il a renoncé au titre. Il voulait seulement apprendre, sans aucun intérêt personnel.
Et maintenant, il est allongé, inconscient, branché aux machines…
Deux semaines insoutenables ont passé.
Le père à l’hôpital, la mère tiraillée entre les soins intensifs et cinq tout-petits — dont l’aîné n’a même pas encore eu sa Bar Mitsva.
Deux semaines plus tard, le jour de Roch ‘Hodech Iyar, Rabbi Israël Nahman Devine z”l a rendu son âme à son Créateur.
Il n’avait que 32 ans.
Mon Bien-Aimé est descendu cueillir des roses, et Il a choisi la plus belle —
Mais qui va annoncer aux enfants que leur père est décédé ?
Qui peut se tenir devant un enfant à peine âgé de 12 ans et lui dire que papa n’est plus ?
La mère serre le plus petit dans ses bras, en larmes.
Au lieu que le père le porte au ‘heder, enveloppé dans son talith — Rabbi Israël Nahman z”l est maintenant étendu sous son talith, en route pour l’enterrement.
C’était un avrekh discret et réservé, et pourtant, beaucoup sont venus aux funérailles.
Des amis qui admiraient sa noblesse d’âme, des collègues du kollel, des rabbins qui le respectaient…
« On ne prononce pas d’éloge funèbre au mois de Nissan », déclara le Rav Binyamin Garbuz, qui le connaissait personnellement. « Je dirai seulement ceci : il n’existe pas un seul paragraphe du Choul’han Aroukh que Rabbi Israël Nahman ne connaissait pas ! »
Ils vivaient une vie de Torah et de foi. Une vie de simplicité : « Un morceau de pain et de l’eau… et tu seras heureux ! »
Leur humble foyer — un petit appartement de location de 45 m² — rayonnait de lumière et d’une joie pure.
Ils se contentaient du strict minimum, et ils étaient heureux.
Pendant près de six mois, leur réfrigérateur ne fonctionnait pas — et personne ne l’a su, pas même la famille proche !
Ils n’ont jamais demandé d’aides. Au contraire — malgré leur pauvreté, ils ont toujours su comment donner aux autres :
accueillir des invités, cuisiner pour des femmes ayant accouché… Tout cela, avec simplicité, avec douceur, avec joie — une joie authentique de bnei Torah.
« Mon mari m’a appris que ce dont nous avons besoin, Hachem nous le donnera », dit la veuve lorsqu’on lui demande comment l’aider.
Elle est en deuil, bouleversée, mais pleine de foi en D.ieu.
Et maintenant — c’est à notre tour.
Cette article ne leur ressemble pas du tout.
Elle est à mille lieues de leur mode de vie, de la pudeur de la famille Devine.
Et pourtant, elle est là, entre vos mains.
Elle demande ce qu’eux ne demanderaient jamais.
Elle raconte, avec délicatesse et silence, l’histoire d’une jeune veuve et de cinq petits enfants qui ont besoin de notre aide.
Ils n’ont rien. Rien !
Une maman au foyer qui élève ses enfants avec abnégation. Plus de bourse de kollel…
Ils vivent en location, avec un peu d’aide de la sécurité sociale et des allocations familiales…
Pendant la shiva, on a découvert que certains climatiseurs fonctionnent à peine, et que le four est hors d’usage.
Ils n’en ont parlé à personne. Ils ne se sont jamais plaints.
Ils avaient la Torah de papa — c’était tout pour eux.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Nous ne pouvons pas les laisser seuls !
C’est le moment de donner, avec générosité.
Par reconnaissance pour la Torah de Rabbi Israël Nahman Devine z”l,
par compassion pour ses orphelins,
par solidarité du peuple juif.
Ils n’ont pas besoin de beaux discours.
Ils ont besoin de notre don ! De la tsédaka que nous allons leur offrir,
pour soutenir leur maison,
payer le loyer, la scolarité, la nourriture, l’électricité, la vie !
Et nous donnerons. Avec amour. Avec miséricorde. Avec grandeur d’âme.
Maintenant, s’il vous plaît !