Le terme « tsedaka » signifie « justice ». La vocation du Vaad Harabanim est de réunir la tsedaka, afin de faire régner l’idéal d’équité de la Thora. Rav Moché, secrétaire général au Vaad Harabanim, est chargé de gérer l’ensemble de l’Association. Il nous a reçus dans les locaux de Jérusalem, remettant à plus tard ses rendez-vous afin de répondre à nos questions avant Roch Hachana.
Tout d’abord merci de nous avoir reçus en cette veille de fête, période très chargée pour vous. Pouvez-vous décrire l’activité qui précède la fête ?
Rav Moché : Effectivement, nous sommes actuellement très occupés car les « préparatifs » avant Roch Hachana sont multipliés par le nombre des demandes qui parviennent chaque jour à notre siège. Tout le monde sait que la techouva, la tsedaka et la tefila sont les clefs qui ouvrent le Ciel dans cette période décisive. Or, le public connaît le Vaad Harabanim et lui fait confiance afin d’offrir une tsedaka sûre et ciblée. Chacun demande une prière, et nous nous devons de répondre à chacun avec le sérieux nécessaire. C’est une grande responsabilité car nous voulons aider les déshérités, tout en permettant aux donateurs de recevoir également une aide, grâce aux prières que nous organisons. Le public transmet les noms et les requêtes durant les 40 jours de prière d’affilée au Kotel, ou la veille de Roch Hachana, 4 heures avant le début de la fête. Les noms sont inscrits avec la demande, formant de grandes listes qui sont sans cesse mises à jour.
Comment parvenez-vous à gérer ces listes ?
Rav Moché : C’est un défi en soi auquel nous apportons la plus grande attention. Les bénévoles doivent noter avec précision les noms et les demandes. Ce sont des hommes et des femmes de confiance et ils doivent gérer un grand nombre de requêtes. Puis les listes sont transmises aux délégués qui prient dans les différents lieux de prière. Durant la période surchargée que nous traversons actuellement, le processus se complique car les appels sont encore plus nombreux et nous gérons les listes en temps réel : chaque demi-heures, elles sont actualisées et envoyées par les moyens de communication moderne au Kotel où se trouvent nos envoyés spéciaux ainsi qu’aux nombreux Rabbanim qui participent à notre œuvre.
Comment avez-vous accès à nos Maîtres ?
Rav Moché : C’est également une gageure de taille ! Lorsqu’on nous demande une bénédiction destinée à être prononcée par l’un de nos Sages, nous veillons à transmettre à son secrétaire particulier les noms et les requêtes, ce qui nécessite un suivi et une véritable proximité avec nos grands Sages. Lorsqu’ils savent que c’est une demande émanant du Vaad Harabanim, ils sont toujours prêts à y prêter une attention particulière car ils connaissent le travail accompli sur le terrain. Nous sommes donc en contact permanent avec nos Maîtres.
Les communautés du monde entier soutiennent l’action du Vaad. La motivation première est la tsedaka. Comment la redistribuez-vous ?
Rav Moché : Des milliers de dons sont collectés aux quatre coins du monde et il est vrai que le sentiment de solidarité au sein de notre peuple est aussi émouvant qu’exemplaire. Il faut faire parvenir l’aide aux bonnes personnes, au bon moment, ajuster et réévaluer en permanence ce dont les familles ont besoin. Depuis le mois d’Eloul, les représentants recueillent les dossiers et dans le cas où les Rabbanim ne connaissent pas personnellement les cas, ils vérifient les faits. Il faut connaitre l’urgence, faire des recherches, des vérifications et valider la requête afin de faire avancer le dossier. Or, nous savons combien de détresse se cache derrière chaque mot… Nous effectuons un travail de longue haleine, sur le long cours, et il faut être aussi réactifs que volontaires.
Les Grands de la génération sont les garants de l’Association. Comment définir leur action ?
Rav Moché : Ils sont présents à tous les stades du processus. Ils donnent les instructions et les lignes directrices à suivre. Ils ouvrent leur cœur et tendent leur main durant les campagnes tout au long de l’année et en particulier avant Roch Hachana, qui est le moment le plus intense, avec la prière au Kotel, quelques heures seulement avant le début de la fête. Leur extrême sensibilité nous transmet la flamme pour faire toujours mieux. Sensibilité pour comprendre et estimer le besoin de l’autre. Sensibilité pour partager le destin de ceux qui souffrent, comme s’il s’agissait de véritables frères. C’est l’exemple que nous donnent nos grands hommes, en étant toujours à l’écoute sans pour autant s’habituer au malheur. Grâce à eux, nous rassemblons des milliers de dons, des milliers de tefiloth et des milliers de mérites.