Il existe une action qui peut changer des mondes, qui peut éclairer des vies, faire revivre et redonner l’espoir. Elle est à la portée de chacun d’entre nous, en cette période de Pessa’h. Alors que nos ancêtres furent libérés d’Égypte, nous avons le pouvoir, grâce à la mitsva de « kim’ha de pis’ha » (la « farine » que l’on donne aux pauvres) de libérer des familles nécessiteuses de l’indigence. Ce pouvoir est entre nos mains, ne le négligeons pas…
Avant Pessa’h, les ménagères sont dubitatives et un peu angoissées. Comment vont-elles réussir à réaliser l’immense tâche qui les attend ? Comment concilier le travail, les enfants, le nettoyage et la bonne humeur ? Déjà plusieurs semaines avant la fête, elles se surmènent : elles époussettent, astiquent, lessivent, et retournent toute la maison. Le fameux nettoyage de Pessa’h a commencé ! C’est l’occasion de faire un grand rangement, qui happe parfois les mamans et leurs enfants une bonne partie de la journée et même de la nuit. Les aînées ont la charge de la cuisine, les petits réalisent les menus travaux, les pères sont totalement absorbés dans leurs bibliothèques… Toute la famille fonctionne comme une équipe bien entraînée. Parfois, après des heures de labeur, une surprise les attend : on a retrouvé la tétine de bébé, la chaussure vernie qui manquait à la paire de chabbath, et même…. une tartine de pain rassie au fond d’une poche de blouson ! C’est la suprême récompense après tant d’efforts ! Parfois, certaines trouvailles nous ralentissent dans notre travail : au fond d’une armoire, on a retrouvé un album de photos que l’on avait égaré depuis des mois. C’est le moment de la pause bien méritée et toute la famille réunie commente les photos avant de ranger l’album à sa place.
Parallèlement au travail de la maison, il faut entreprendre la seconde mission, et non des moindres, de cette période ultra-chargée : les achats pour la fête. Maman a fixé un emploi du temps précis afin de relever avec succès tous les défis du mois de Nissan. Elle sait exactement comment gérer son temps et la maison doit fonctionner comme une véritable entreprise. Il faut d’abord acheter les vêtements avant de se lancer dans les courses alimentaires. Chaque fille a besoin d’une nouvelle robe, chaque garçon d’un nouveau costume. Sans parler des chaussures qui nécessitent un investissement de temps sans pareil afin que chacun trouve la bonne taille et le bon modèle. Papa a également besoin d’un nouveau complet, maman d’un nouvel ensemble. C’est encore des après-midis entiers dans les magasins bondés. On ne lésine pas sur les moyens en cette période décisive. Puis vient le moment des préparations culinaires. On fixe les menus, on rationnalise les achats. On doit tout prévoir, faute de quoi certains plats ne verront pas le jour… Papa se rend au supermarché plusieurs fois, et se soucie de commander les matsoth et le jus de raisin en quantité suffisante. C’est un véritable tourbillon qui donne à toute la maison un air de fête ! Chacun participe, chacun s’active. Les listes sont rédigées, les armoires prêtes et l’électroménager rutilant. Mission réussie. On ressent la satisfaction du devoir accompli.
Reste une petite action qui peut sembler anodine mais qui est pourtant capitale : la tsedaka.
Après tous les achats, après toutes les dépenses, doit-on encore envisager des frais ? La somme réservée à la tsedaka va pourtant faire toute la différence. Dans certaines familles, la joie de la fête est ternie par les difficultés financières. Pour ces familles, les préparatifs sont réduits à leur plus simple expression. Dans les armoires, les étagères sont vides. Dans le frigidaire, point de nourriture spéciale « Pessa’h ». Les parents ne sont pas à la maison car ils sont occupés toute la journée à chercher une source de subsistance. Dans ces conditions, la joie n’est pas au rendez-vous. Chaque dépense est examinée à la loupe, chaque sous compté et recompté. Les sacrifices font partie de l’épreuve. Il faudra forcément renoncer à quelque chose. La voisine a gentiment déposé un sac de vêtements devant la porte. Après un tri minutieux, on se satisfera de quelques habits pas toujours en excellent état. Les chaussures des enfants sont trop petites mais on ne peut pas se permettre d’en acheter de nouvelles. Pour les achats alimentaires, il n’y a pas de solution. Les matsoth sont onéreuses, le jus de raisin aussi. De nombreux produits manufacturés sont indispensables et avant Pessa’h, leur prix ont doublé. C’est un casse-tête et une souffrance. Certains ne savent pas comment offrir à leurs enfants un seder digne de ce nom. Ils n’ont pas l’argent nécessaire et regardent les queues interminables dans les supermarchés avec un pincement au cœur et une question douloureuse : comment acheter le strict minimum ?
Notre petit geste peut constituer une réponse choc. La somme que nous allons consacrer aux familles nécessiteuses est insignifiante par rapport à l’ensemble de nos dépenses. Mais elle fait la différence pour tant de familles dans le besoin. Alors que nous sommes affairés aux courses et aux choix des meilleurs achats, on se tourne un instant vers nos frères sans ressources. On réalise que notre geste aura un pouvoir libérateur et qu’il donnera entière satisfaction au Créateur du monde. Celui-ci souhaite et recommande la tsedaka. Elle est le ciment du monde, celui qui lui permet de subsister. L’ordre établi par Hachem est ainsi respecté. Ceux qui disposent des biens et des bénédictions divines ont le souci de ceux qui sont démunis. La solidarité en action permet à notre peuple de prouver son attachement au Maître du monde. Nos frères accablés par le joug des difficultés matérielles pourront se relever et briser leurs chaînes.
Le 15 Nissan, ils seront semblables à des rois et non à des esclaves. Sur leurs tables, le vin et le pain de Pessa’h leur rappelleront qu’ils ne sont ni seuls ni abandonnés. Le peuple juif aura retrouvé la a’hdouth de la sortie d’Égypte. Le pain de misère sera devenu le pain de richesse. Par votre mérite, par votre geste, par votre bienveillance.
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