À la croisée des chemins - Vaad harabanim : Vaad harabanim À la croisée des chemins - Vaad harabanim

À la croisée des chemins

9/23/5772 15.05.2012

Le Vaad Harabanim agit aux quatre coins du pays et fait le maximum pour assurer un avenir aux personnes dans le besoin. Ses bénévoles sont aussi dévoués que discrets et parfois, les destins de deux d’entre eux se croisent pour l’accomplissement du Bien. Le peuple juif est un corps dont les membres sont unis et inséparables, comme le jour du don de la Thora, comme un seul homme avec un seul cœur.

 

C’est l’hiver, la nuit est tombée sur la ville et le vent redouble de force. Les rares passants doivent lutter contre ses rafales puissantes qui arrachent les parapluies et font s’envoler les chapeaux. C’est une soirée glacée et même les enfants, en général réfractaires au moment du couchage, sont allés dormir tôt pour se lover dans leurs couettes, bien au chaud. Cependant, au dernier étage d’un bâtiment, sept enfants ont du mal à s’endormir. Ils n’arrivent pas à trouver le sommeil. Pourquoi ? Lorsqu’ils ouvrent les lits gigognes dans lesquels ils dorment tête-bêche, tout le salon et la cuisine deviennent une grande chambre à coucher. Car il faut préciser que le petit appartement ne compte pas de chambre, excepté celle des parents. L’appartement de deux pièces est minuscule. Il est composé d’un salon-cuisine, d’une chambre et d’une salle de bain. Quand l’un des enfants doit se lever, il doit faire attention à ne pas marcher sur la tête de ses frères et sœurs. Pour certains, il est envisageable de faire coucher des enfants au salon, pour d’autres de les faire dormir tête bêche. Mais tout le monde s’entend pour dire qu’il est intenable de loger sept enfants dans deux pièces qui forment à elles deux le tiers d’un appartement normal et que ces deux pièces sont le salon et la cuisine.

La famille L. est une famille respectable. Elle vit certes avec le minimum vital, ne peut pas toujours envisager trois repas par jour et ne part jamais en vacances. Les grands doivent forcément aller faire leur devoir chez des amis, vu le manque de place et les petits jouent au jardin où dans la rue lorsque le temps le permet. Pourtant, malgré toutes les difficultés matérielles, cette famille a une certaine joie de vivre. La mère répète toujours à ses enfants, le sourire aux lèvres : « On a ce qu’on a et on fait avec. On doit remercier Hachem pour chaque chose. »

Mais parfois, des questions restent sans réponse. Arié, le petit garçon de 5 ans, interroge son père : « Papa, pourquoi je ne peux pas aller au tiyoul ? Ça ne coûte que 20 chékels ! ». « Même si cela valait 100 chékels, je te les donnerais ! » répond le père embarrassé. « Malheureusement, je n’en dispose par pour le moment… » ajoute t-il avec emouna.

Les enfants n’ont jamais de vêtements neufs achetés à leur taille dans les magasins. Ils ne font jamais de sortie pendant les vacances. Ils ne savent pas ce que sont des jouets en bon état. Pourtant, ils gardent le moral et s’entraident comme ils le peuvent.

Mais le jour où le père est tombé malade, ce fragile équilibre a été ébranlé. Âgé d’une quarantaine d’années, il a été hospitalisé d’urgence. Il a arrêté de travailler et sa femme devait être quotidiennement à son chevet. Esthie, l’aînée, s’est improvisée mère de famille. Mais pour toute provision, elle ne disposait que d’un paquet de pain. Les étagères et le frigo étaient cruellement vides. C’est seulement grâce aux voisins qu’elle pouvait assurer un repas par jour à ses frères et sœurs.

Quelque temps plus tard, le père est rentré à la maison, mais sans apporter la bonne nouvelle de sa guérison. À l’hôpital, on lui a annoncé qu’on ne pouvait plus rien faire pour lui et qu’il pouvait rentrer chez lui. Dans son minuscule appartement, il n’a même pas où placer le ballon d’oxygène qui lui est vital, sans parler des autres appareils médicaux que nécessitent son état. Il est donc impératif de déménager au plus vite. Elie, l’un des proches de la famille, contacte alors Chmouel, bénévole au Vaad Harabanim afin de trouver une solution. Et c’est à la croisée des chemins que Chmouel va rencontrer un autre protagoniste de cette histoire pas comme les autres…

 

Yossef P. est un homme d’affaires qui gagne honorablement sa vie. Depuis quelque temps, il a observé que l’immobilier est un bon filon et que les loyers sont une source de revenus intéressante. À l’instar de ses amis, il a décidé de construire un trois pièces et après avoir pris conseil, il comprend qu’obtenir un permis de construire est un exercice très périlleux.

Un jour, il se rend à la mairie, ou l’employé lui explique d’un ton détaché que la meilleure solution est de faire comme tout le monde : construire sans permis et l’obtenir ensuite. « C’est une attitude tolérée, expliqua t-il à Yossef. Vous ne serez pas inquiété. Si quelqu’un se plaint, vous demanderez un permis rétro-actif. »

Yossef, fort de cette information, se lança sans autre forme de procès dans la construction de son appartement. Il s’adressa à un architecte pour les plans puis demanda à un entrepreneur de commencer les travaux. Et comme avant toute entreprise, Yossef fit appel à son associé n°1 : le Vaad Harabanim. Il fit le vœu de verser le maasser de la location future en espérant que tout se passe bien. Ce vœux s’avéra bien utile…. Quelques jours après le début de la construction, deux inspecteurs de la mairie firent une visite dans le quartier de Yossef pour vérifier qu’aucune construction ne se faisait sans permis. Yossef se trouvait au milieu des travaux avec l’entrepreneur lorsqu’il entendit les deux hommes se parler ainsi : « Voilà un chantier non répertorié. Appelons immédiatement le service des contrôles. » Puis l’un des deux hommes décrocha son téléphone pour prévenir ses supérieurs : « Au 25 de la rue… quelqu’un construit sans permis ! »

Yossef remonta chez lui la gorge serrée. Il attendit plusieurs minutes sans bouger, ne sachant quelle attitude adopter. Après quelques minutes, Yossef comprit qu’il ne pouvait rien faire… Les heures passèrent. Puis les jours. Aucun avertissement ni papier à en-tête de la mairie ne parvint dans sa boîte aux lettres. Yossef était très étonné et se demandait bien comment il avait pu passer entre les mailles du filet.

Un jour, il croisa dans l’escalier Moti, l’un de ses voisins.

– Tu sais ce qui m’est arrivé ? lui demanda ce dernier.

– Non, pas un problème j’espère ? lui répondit Yossef.

– Cela aurait pu mal tourner, mais j’ai eu beaucoup de chance. Tu sais, derrière mon balcon se trouve un petit local dans lequel j’ai placé une fenêtre, sans demander de permis à la mairie. Et bien un inspecteur est venu spécialement pour m’interdire de continuer.

– Incroyable ! s’exclama Yossef, qui n’en revenait pas.

– Mais comme nous avions terminé le travail, il m’a dit qu’il n’y aurait aucune suite. Je m’en suis tiré avec plus de peur que de mal ! confia Moti à Yossef.

Yossef vit la main d’Hachem qui avait orchestré ce ballet pour le moins étonnant et sentit que le Vaad Harabanim l’avait sauvé. L’inspecteur de la mairie s’était tout simplement trompé d’appartement, sans causer de tort à personne…

Lorsque les travaux furent terminés, Yossef publia des annonces. Il signa bientôt un bail d’un an mais sa déception fut amère. Le locataire ne payait pas ses loyers et dégradait l’appartement flambant neuf. Dès que le bail fut terminé, il signifia à ce locataire qu’il ne le renouvelait pas. Il fut obligé de repeindre et de remettre l’appartement en état. Et bien entendu, il s’adressa de nouveau à son associé, le Vaad Harabanim et lui promit de lui verser un an de maasser lorsqu’il aurait trouvé un locataire digne de ce nom. Le lendemain, Yossef rencontra son ami Chmouel à la synagogue. Après l’office, les deux hommes se saluèrent et Chmouel se dirigea vers Yossef.

– Tu ne connaîtrais pas, par hasard, quelqu’un qui voudrait louer un trois pièces au rez-de-chaussée ? lui demanda Chmouel.

– Et bien, par hasard, reprit Yossef, j’en connais un, c’est moi ! Et tout cela, c’est grâce au Vaad Harabanim !

– Quel rapport ? Comment sais-tu que je suis du Vaad Harabanim ?

– Non, pas toi ! Moi je suis lié au Vaad Harabanim !

– Moi aussi je suis lié au Vaad Harabanim !

– Du Vaad Harabanim ! Pourquoi me parles-tu de toi ? C’est moi qui donne au Vaad Harabanim !

– Et bien moi, je suis bénévole au Vaad !

– C’est vraiment ça le Vaad Harabanim ! conclut Yossef. Je ne le savais pas mais je t’en félicite !

Chmouel n’était autre que le bénévole qui avait été contacté pour s’occuper de la famille L. Après une longue discussion durant laquelle Chmouel expliqua à Yossef la situation de cette famille, il fut convenu que l’appartement serait loué pour une période d’un an renouvelable et pour une somme défiant toute concurrence…

Il arrive parfois que les chemins de personnes bien intentionnées se croisent, apportant un baume aux cœurs endoloris, alors que dans les cieux, Celui qui dirige tout, envoie Sa bénédiction et agence à merveille tous les destins…