Alors que le pays a été profondément meurtri par des actes barbares durant l’attaque du 7 octobre, les forces vives de la solidarité se sont élevées pour répondre à cette barbarie. Le Vaad Harabanim se bat sur tous les fronts pour sauver, soutenir, épauler les personnes déplacées, et tous les Juifs dans le besoin. C’est la grande victoire de notre peuple.
Cette année est particulière. C’est le cœur plein d’émotions que les Grands de la génération se préparent à recevoir le délégué des Juifs de France désigné par le sort lors du tirage annuel « Sur les ailes de l’aigle. » Le cœur plein d’émotions parce qu’ils ont été les témoins de la force de la solidarité capable de déjouer la plus sombre des détresses alors que la guerre fait rage. Celle de tant de nos frères. Ceux qui ont perdu un être cher. Ceux qui n’ont plus de quoi vivre. Ceux dont la maison a été détruite. Et pourtant, ils résistent et continuent d’espérer en des jours meilleurs grâce à la générosité des Juifs dans le monde entier. En particulier de la communauté juive de France. Qui mieux qu’elle, sait donner, sait s’investir, participer, se mobiliser ? Chacun avec ses ressources personnelles se joint à l’œuvre du Vaad Harabanim pour faire oublier les tourments de la guerre à toute une population meurtrie. La communauté est présente à l’appel, à chaque moment difficile, pour apporter une réponse concrète aux blessures de ses frères. C’est donc un message fort que le délégué de toute la communauté apporte aux Sages et aux représentant du Vaad. Grâce à un tirage au sort qui désignera ce délégué, il montrera que chaque Juif est présent et qu’il dit : « Hineni ! » Je suis là !
Un gage d’empathie
Cette visite lui permettra de rencontrer les Rabbanim qui témoigneront du travail accompli et des milliers de Juifs secourus. L’heureux chanceux gagnera un billet d’avion pour Erets Israël et recevra la reconnaissance de toute une nation. Combien de familles secourues, combien d’enfants pris en charge, combien de veuves épaulées ? Et en signe de reconnaissance, autant de prières, de moments de grande élévation spirituelle au Kotel, devant le Saint des Saints, et dans les autres lieux emblématiques du peuple juif. Alors que nous traversons une période particulièrement difficile, le gage d’empathie apporté par l’ambassadeur de la communauté française sera un signe d’espoir, porté par des milliers de donateurs qui ont à cœur de perpétuer la tradition d’entraide chère à nos ancêtres.
Le jour de Sim’hat Thora 2023 restera gravé dans les mémoires. Un atroce pogrom a décimé des familles entières, des jeunes, des enfants, des vieillards. Le pays entier a été plongé dans la terreur, avec des milliers de victimes et des centaines d’otages. Puis avec le déluge de roquettes qui tombaient sur nos villes, ce sont des milliers de personnes qui ont dû quitter leur domicile, sans toujours savoir où aller. Toutes les villes et Kibboutz du Sud ont été touchés : Sderot, Ashkelon, Ashdod, Ofakim, Netivot. Les habitants ont dû fuir du jour au lendemain. Ils n’ont pas eu le temps de réfléchir, il fallait empaqueter le strict nécessaire et prendre la route. Pris par le temps, ils ont réuni quelques affaires personnelles, les papiers importants, le lait maternel des nourrissons, quelques vêtements pour les enfants. En quelques heures, ils sont devenus des personnes déplacées, sans domicile, sans rien qui leur rappelait leur vie d’avant. Ils ne savaient pas où ils trouveraient refuge. Le désespoir se lisait sur les visages apeurés. En Israël, les images ont ému le public qui s’est mobilisé. Mais l’aide apportée est ponctuelle, alors que les problèmes et les manques sont systémiques.
Le Vaad Harabanim fait face aujourd’hui à un travail de longue haleine. Car seules les familles qui vivaient dans un périmètre de 7 km autour de la zone de guerre sont pris en charge par l’Etat. Pour les autres, il faut trouver un logement, un moyen de subsistance, de l’aide pour les enfants, afin de pouvoir tenir sur le long terme. Les enfants en particulier sont désorientés. Ils ne sont plus scolarisés et n’ont aucune activité prévue. Un cas parmi tant d’autres : Reouven a perdu sa femme il y a quelques mois. Il s’est retrouvé seul à la tête d’une famille nombreuse et s’est démené jour et nuit afin d’assurer le quotidien et de ne pas flancher, pour ses enfants. Mais la guerre a commencé et a bouleversé tous ses plans. Il est de Sderotet il a dû fuir, vers une destination inconnue, conscient que ses enfants ne pouvaient plus supporter les bombardements venant de Gaza. Alors que des milliers de roquettes s’abattaient inexorablement sur la ville, ses enfants étaient terrorisés.« Ils ne pouvaient plus dormir la nuit. Nous étions sans cesse réveillés par des alertes et il fallait courir dans les abris. Ma fille de quatre ans et mon fils de six ans étaient bouleversés. Ils criaient qu’ils avaient peur. Ils pleuraient, se blottissaient contre moi. J’ai tout quitté, pour les emmener en lieu sûr. » Aujourd’hui, Reouven est rentré chez lui. Mais sa situation ne s’est pas améliorée. Les enfants sont paniqués, ils n’osent pas sortir de la maison. « Papa, j’ai peur ! » répètent-ils, le visage blême. Cette famille a besoin du stricte nécessaire, mais aussi du « luxe » que représente une aide psychologique pour les enfants. Déjà choqués par la perte de leur mère, ils doivent aujourd’huifaire face à de nouvelles angoisses, qui réveillent des traumatismes anciens. Le Vaad Harabanim s’occupe de cette famille, pourvoie à ses besoins et prend soin des enfants. Ils ont besoin de chacun de nous.
Des centaines de milliers de personnes déplacées
D’après les chiffres officiels, 500 000 personnes ont dû fuir leur foyer depuis les attentats sanglants du 7 octobre. Cette situation sans précédent provoque un besoin urgent de moyens. Nombre de familles étaient déjà dans une situation difficile avant la guerre, mais aujourd’hui, leur situation a empiré de façon significative. De nombreux immeubles ont été touchés par des roquettes, et des familles entières ne peuvent rentrer chez elle, n’ayant plus de chez soi. D’autres ont pu revenir mais sont confrontés à des difficultés sans nombre. Binyamin a six ans. Né avec une malformation congénitale, il est mal entendant. Or, pendant l’une des alertes, il a perdu son appareil auditif et il n’entend plus les sirènes qui retentissent. Racheter un autre appareil est une dépense que ne peut assurer ses parents, qui ont tout perdu durant les dernières semaines, d’autant qu’il a un coût très élevé. Binyamin est désemparé. Il a besoin de notre aide urgente. Le silence ne doit pas l’emporter.
Ce cas n’est malheureusement pas isolé. L’expression de grandes angoisses continue de retentir dans tous les foyers sinistrés. Parfois même, des familles n’ont même pas de quoi se nourrir. Des bons d’alimentation sont distribués par le Vaad Harabanim, pour ceux qui sont le plus démunis. Ephrat est l’une d’entre elles. Veuve, elle n’a pas de ressources et doit trouver impérativement de quoi nourrir ses enfants, sans parler des vêtements qu’ils n’ont pu emporter avec eux. « Chaque enfant est parti avec un petit sac. Mais ils n’ont plus rien à se mettre, je ne sais plus quoi faire », confie Ephrat, paniquée. Elle a besoin de bons d’achat, pour reconstituer une garde-robe décente. « Je ne peux pas tenir avec trois jupes et quelques T-shirt » s’inquiète cette mère courageuse. Ses enfants réclament des jouets, mais ils n’ont plus rien. « Nous n’avons pu emporter ne serait-ce qu’une petite poupée ! Je n’ai rien pour les divertir, et ils voient les autres enfants jouer. Cela déchire le cœur ».
Une catastrophe humaine
Le Vaad Harabanim intervient sur tous les fronts pour allouer un soutien financier, des aides d’urgence, des bourses spéciales. Cela fait plus de deux mois que la guerre a commencé. Certaines familles ont rejoint leurs lieux d’habitation, d’autres se sont réfugiées chez des proches ou des amis. L’équilibre fragile de nombre d’entre elles a été bouleversé. C’est tout un écosystème qui est remis en question, avec son lot de difficultés et de tourments. Nous assistons à une catastrophe humanitaire, qui a des répercussions terribles et sans doute sur le long terme. Moché et Myriam devaient se marier deux semaines après Sim’hat Thora. Tout le monde a quitté Ashkelon et quelques jours avant le mariage, le couple s’est retrouvé sans salle. Ils ont organisé la cérémonie dans une synagogue à Betar, où ils ont trouvé refuge. Mais le petit studio qu’ils ont réussi à louer n’est pas meublé. Il n’y a pas de cuisinière, pas de frigo, pas de lits. Seulement deux matelas par terre. Le Vaad Harabanim a lancé un appel pour venir en aide à ce jeune couple, afin qu’ils puissent vivre décemment. La guerre a amplifié la misère de familles qui avaient déjà de grandes difficultés à assurer le quotidien. Les aides sociales sont insuffisantes et des enfants pleurent chaque jour, par manque de soins, et sont désemparés. Les parents s’occupent d’eux comme ils le peuvent mais cela les empêche de retrouver une activité normale. Toutes ces familles ont quitté les zones de combat mais doivent en livrer un autre, tout aussi difficile. Aidons-les dans ces moments de grande détresse et que le Tout-Puissant ait pitié de Son peuple, durant cette terrible épreuve.