Roch ‘hodech Adar. L’allégresse est perceptible dans toutes les écoles juives. Les enfants entonnent de tout leur cœur le célèbre « Mi che ni’hnasse Adar (« Lorsqu’entre le mois d’Adar, la joie augmente »).
Ce jour-là, Aharon revint de l’école avec un cartable plein de bonbons.
– Papa ! lança t-il dès qu’il entra à la maison.
Il savait que son père rentrait à midi les jours de Roch ‘Hodech et cela ne faisait qu’augmenter son plaisir.
– Papa, dit-il sans avoir encore repris son souffle. C’est Roch ‘Hodech Adar !
Des éclairs de joie se lisaient au fond de ses yeux. Il commença à compter ses friandises, sans prendre la peine d’enlever son manteau. Eliezer, son père, l’appela près de lui. Il voulait savoir comment s’était passé sa matinée.
– J’ai reçu une crécelle, regarde !
Aharon sortit d’une poche extérieure une crécelle en plastique rouge et jaune. Il commença à la remuer dans tous les sens, ce qui produisit un son des plus… stimulants.
– Tu sais pourquoi on se sert des crécelles pendant Pourim ? lui demanda son père.
– Oui, c’est pour les faire retentir lorsqu’on entend le nom d’Haman durant la lecture de la Méguila… répondit-il avec un sourire malicieux.
– Et tu connais les 4 lettres « mem » de Pourim ? interrogea Eliezer.
– Oui, elles désignent les quatre mitsvoth du jour qui commencent par celle lettre !
– C’est-à-dire ?
– Méguila, Michté, Michloa’h manoth et Matanoth laevionim !
Eliezer était fier de son érudit en herbe. Il poursuivit « l’examen » :
– Comment accomplit-on la mitsva de « Méguila » ?
– Facile ! répondit Aharon avec un air de défi. On lit le livre d’Esther à la synagogue le soir et le matin !
– Parfait, acquiesça Eliezer. Et le Michté ?
– C’est le festin que l’on va faire avec les cousins, tata et tonton, comme l’année dernière ! Tu nous avais raconté tous les miracles de Pourim !
– Parfait ! Je vois que tu n’as rien oublié. Peux-tu me dire maintenant quelques mots du Michloa’h manoth ?
– Ce sont les bonnes choses que maman prépare dans des corbeilles et que l’on donne aux voisins et aux amis !
– De mieux en mieux, tu es incollable. Dernière question, dernier « mem », Matanoth laevionim, ça te dit quelque chose ?
– C’est l’argent que l’on donne aux pauvres !
– Exactement…
– Mais papa, à qui a-t-on donné l’année dernière ? Et moi, je connais un pauvre ? demanda Aharon, pensif.
Eliezer, quant à lui, pensait à ses voisins. Ils avaient l’air de ne manquer de rien… Et pourtant… Eliezer regardait son fils avec amour.
Aharon agita de nouveau sa crécelle, retira son manteau et prit un livre sur la table avant de courir dans la cuisine pour dire bonjour à sa mère et obtenir une réponse moins énigmatique.
Eliezer se remémorait la fête de Pourim de l’année passée et revoyait le film des événements défiler devant lui. Il se souvenait des familles qu’il avait pu aider par l’intermédiaire du Vaad Harabanim. Eliezer était l’un des membres actifs de sa communauté. Parce que sa vocation était d’aider les autres, il avait gagné la confiance de tous. Cette année encore, il y avait du travail à accomplir !
Eliezer restait dubitatif. Il pouvait facilement estimer les sommes nécessaires pour aider ces âmes esseulées et ces familles dans le besoin. L’année passée, il avait été chargé par le Vaad Harabanim de distribuer des enveloppes à des victimes de la vie, à des nécessiteux de tous horizons.
C’était toujours le même cérémonial : il frappait à la porte, glissait rapidement l’enveloppe dessous et filait avant que l’on puisse l’apercevoir. En général, il dévalait les escaliers quatre à quatre pour ne pas être surpris. Mais parfois, un enfant lui ouvrait la porte subitement. Il lui confiait alors la précieuse enveloppe avec un sourire protecteur. Il entendait alors des exclamations de joie.
« Mi cheni’hnasse Adar »
Eliezer fut interrompu dans sa rêverie par Aharon qui entonnait la chanson de Pourim.
Une vague d’émotion monta dans son cœur. Il se leva pour chanter et danser avec son fils, espérant et priant que cette année encore il pourrait soulager, grâce au Vaad Harabanim, les peines de ses frères dans la tourmente.
Cela dépend de vous, de votre sollicitude, de votre cœur.
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