Pour nous tous, l’année a été particulièrement difficile. Les restrictions sanitaires liées à la Covid 19 ont pesé lourds dans notre quotidien. Interdiction de sortir, obligation de porter un masque, gestes barrières, réunions et cours en « Zoom », confinement à répétition. Et lorsque l’étau s’est desserré, une autre source de tension est née avec les centaines de roquettes desquelles il fallait se protéger. Courir dans les abris, se réveiller dans la nuit… Plus que jamais nous avons besoin de décompresser. Certains malheureusement n’auront pas cette chance. Ceux qu’on appelle « les enfants du Vaad Harabanim ». Ou peut-être que si. Grâce à nous.
Elie est à la fenêtre. Les vacances ont commencé mais il n’a pas envie d’aller jouer dans le petit jardin en bas de l’immeuble. Il y est allé tous les jours et il commence à s’ennuyer. Un « spectacle » attire son attention. Le papa de Chimone Cohen, le voisin, est en train de charger des valises dans le coffre de la grande voiture qu’il a louée. Parmi les sacs, il entrevoit une glacière pleine de bonnes choses. La fille aînée arrive avec d’autres victuailles, de la pastèque, des frites et des chips. Un des petits frères confie son vélo à son père pour qu’il le charge. Puis les autres arrivent, l’un avec sa trottinette, l’autre avec son camion. La joie et l’excitation se lisent sur les visages. C’est l’ébullition avant le départ ! La maman fait son apparition. Elle distribue des glaces de différents parfums. « Un peu de douceur pour bien commencer les vacances ! » s’exclame t-elle, un sourire radieux aux lèvres. Elie donnerait tout pour manger une glace. « Faut-il que j’en demande une aux Cohen ? ». Il finit par rentrer à l’intérieur. Sur la table règne un désordre épouvantable. Des livres sont mélangés à des assiettes vides, des stylos à des jeux éparpillés. Il entend son père, David, préparer quelque chose dans la cuisine. Encore des pâtes, sans sauce… Sa déception est grande. Il a tellement envie d’une pizza, d’une glace, d’un peu de ketchup !
Maman est dans la chambre
« Pourquoi maman ne nous prépare t-elle pas à manger ? demande Elie. Tous les jours du pain et des pâtes ! Même les repas de la cantine sont meilleurs ! »
« Maman ne se sent pas bien » répond calmement papa. La chaleur est intense et la vapeur de la casserole lui brûle légèrement les yeux.
Cette réponse est la même depuis deux ans.
« Tu veux du beurre dans les pâtes ? » demande son père.
« Non, je veux partir en vacances ! Je veux des glaces et un vélo ! Tout le monde part sauf nous ! On est toute la journée enfermé ici ! »
Elie est dans une rage folle et ne parvient pas à contrôler ses cris. Ses petits frères approchent sans oser entrer dans la cuisine. Papa tente de calmer Elie, et en le prenant dans ses bras, il partage son désaroi.
Tout au long de l’année, David arrive à gérer la situation. Mais lorsqu’arrivent les vacances et que les habitudes sont bouleversées, cela devient très difficile. Les enfants commencent à s’ennuyer et souffrent de la comparaison avec les autres familles. Ils ont envie de jouer, de se promener, de découvrir de nouveaux horizons. Le pire, c’est lorsqu’ils assistent à l’une des crises d’épilepsie de leur mère. David voudrait tellement les voir jouer dans de beaux parcs plutôt que d’être les témoins de la maladie de Sim’ha. Mais que peut-il faire ?
Quelques euros de notre budget
Au moment même où nous nous détendons sur un hamac avec un bon jus de fruit, alors que nos enfants s’ébattent dans la piscine, de nombreux enfants sont en train de rêver. Ils imaginent des bancs de sable clairs où ils construisent des châteaux et la mer azurée dont le ressac rythme les jeux. Ces enfants en grande tension peuvent réellement échapper à leur difficile quotidien. Pas seulement en rêve. Ils peuvent compter sur nous qui aurons à cœur de consacrer quelques euros de notre « budget vacances » à leur bien être, afin de leur offrir ce rêve. Grâce à ce geste, ils pourront profiter du grand air. Grâce à nous, se refléteront dans leurs yeux la mer et le soleil. Car si pour nous les vacances sont un besoin, elles sont pour eux une nécessité absolue. Leur offrir ces moments de détente est comme offrir de l’oxygène à quelqu’un qui en manque cruellement. Ensemble, contribuons à donner aux enfants du Vaad Harabanim un répit bien mérité. Nous en aurons une grande satisfaction et un mérite salvateur.