Dans un article adressé aux Juifs de France en exclusivité pour le Vaad Harabanim, le Gadol Hador, le Gaon Rav Dov Landau rappelle, à l’approche des jours redoutables de Tichri, l’importance vitale de l’étude de la Thora. Il souligne que dans un contexte de difficultés et parfois de souffrances liées à l’exil, la force spirituelle et la protection véritables résident dans l’attachement constant à la Thora et dans la vigilance quant au choix du cadre spirituel de vie.
Nous sommes dans le mois d’Eloul, à la veille des jours du jugement, qui sont aussi des jours de miséricorde. Jours de jugement, car le Saint béni soit-Il nous évalue selon nos actes et fixe notre avenir pour l’année qui vient ; mais aussi jours de miséricorde, car durant cette période Hachem est proche de tous ceux qui L’invoquent, attendant qu’Israël revienne à Lui et leur pardonnant leurs fautes, comme l’explique l’introduction du Michna Beroura (chap. 581).
« Le cœur connaît l’amertume de son âme » (Michlé – Proverbes 14, 10) : chacun sait en lui-même dans quel domaine il doit se renforcer et ce qu’il doit corriger. Ces jours imposent à chacun d’entre nous d’examiner ses actions et de rectifier ce qui doit l’être. Mais il est un point dans lequel tous doivent s’efforcer de grandir : l’étude de la Thora. Car c’est le don le plus élevé que nous ayons reçu du Créateur, et elle peut et doit être étudiée en tout temps, en tout lieu et dans toutes les circonstances. La Thora est notre vie et la longueur de nos jours. Chacun doit s’élever encore et encore dans son étude selon ses forces, ainsi que le formule le Rambam (Hil’hoth Talmud Thora, chap. 1) : tout Juif est tenu d’étudier, qu’il soit riche ou pauvre, en bonne santé ou affligé, jeune ou âgé, même s’il vit de la Tsedaka et frappe aux portes, même s’il est en charge d’une famille, il doit se fixer un temps pour l’étude, le jour et la nuit, comme il est dit : « Tu la méditeras jour et nuit. »
La Thora est le bouclier et la sauvegarde d’Israël dans toutes ses demeures. Elle est la grande muraille qui nous protège des influences négatives extérieures. C’est ainsi que, de tout temps, Israël a pu survivre corporellement et spirituellement aux dangers.
Ce n’est pas un secret que, dans certains endroits en France, les Juifs souffrent de la part des non-Juifs. Tout cela découle d’une haine ancestrale d’Ésaü envers Jacob, d’une haine immémoriale contre Israël. Parfois la souffrance est grande et prolongée : c’est le décret de l’exil qui, dans nos fautes, s’étend et pèse plus ou moins lourdement sur nous. Mais nous savons avec certitude que ce qui nous protège de nos ennemis, c’est de perpétuer et de renforcer l’étude de la Thora : participer à des cours, étudier avec ses enfants, les envoyer dans des institutions de Thora. Lors de ma visite en France l’année dernière, j’ai été profondément impressionné de voir la vitalité de la Thora dans le pays de Rachi et des Ba’alei Tossafot, et la qualité des institutions de Thora qui s’y trouvent. Chacun peut aisément trouver de nombreuses opportunités pour intensifier son étude.
Il faut aussi prier et demander miséricorde, afin de mériter de vivre selon la volonté divine, d’apprendre Sa Thora et d’accomplir Ses Mitsvot sans entrave, ni intérieure ni extérieure. La prière dans la détresse est particulièrement entendue et agréée.
Et comme il est bien connu, que la Torah de la Terre d’Israël rayonne sur le monde entier. Mais ici, en Erets Israël, l’étude de la Thora subit de lourdes menaces de la part des autorités qui veulent détourner les Bnei Thora de leur étude, qui pourtant protège tout le peuple juif. C’est une obligation pour chaque Juif, partout où il se trouve, de prier régulièrement pour que la Thora d’Erets Israël ne soit pas atteinte, et qu’aucun Ben Yechiva ni Avre’h ne soit lésé, car la diminution de la Thora en Israël mettrait en danger tout le peuple juif, ici et dans le monde. Plus encore, l’heure commande d’augmenter le nombre d’étudiants de Thora en Israël, surtout alors que la guerre se prolonge depuis deux ans, avec toutes ses difficultés. Seul l’accroissement de la Thora sauvera Israël. Que serait-ce si, à D.ieu ne plaise, l’étude venait à se réduire ?
Un autre sujet touche particulièrement les Juifs de France : celui de la Aliyah en Erets Israël. L’année dernière, avant de venir, j’en ai longuement parlé avec plusieurs Rabbanim connaissant bien la communauté. Et après avoir examiné ce sujet de si grande importance, j’ai déclaré, lors de ma visite, qu’avant tout déménagement, chacun examine si sa subsistance est assurée ; à plus forte raison, il faut examiner attentivement le cadre spirituel du lieu choisi et la nature des institutions dans lesquelles on enverra ses enfants. Quiconque ne s’assure pas de pouvoir préserver son niveau spirituel et celui de sa famille ne doit en aucun cas faire son Aliyah, de peur d’avoir ensuite à le regretter amèrement.
Enfin, comme nous le disons dans nos prières : « La Techouva, la Tefila et la Tsedaka annulent la rigueur du décret. » Puissions-nous mériter que l’Éternel exauce nos prières, comble nos désirs pour le bien et nous inscrive tous dans le Livre de la Vie, pour une bonne et douce année.