L’homme au cœur brûlant - Vaad harabanim : Vaad harabanim L’homme au cœur brûlant - Vaad harabanim

L’homme au cœur brûlant

12/23/5769 13.08.2009

Depuis des dizaines d’années, le Vaad Harabanim offre la possibilité à tous les Juifs dans le monde d’envoyer leurs noms et leurs requêtes plusieurs fois par an pour la prière de 40 jours consécutifs au Kotel. Le miniane qui se rend tous les jours au Mur des lamentations est composé de Talmidé ‘ha’hamim et de Rabbanim particulièrement dévoués. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Interview avec l’un de ces Rabbanim qui se donne sans compter pour le peuple juif, chaque jour (ou plutôt chaque nuit) de sa vie.

 

Vaad Harabanim : Rav Acher, vous êtes l’un des membres actifs du Vaad Harabanim. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours au sein de l’association ?

Rav Acher : Tout a commencé il y a un an. J’avais trente ans et je sentais que j’étais à un tournant de ma vie. Depuis l’enfance, j’étudiais la Thora dans les Yechivoth classiques d’Israël. Je suis devenu « ram » (enseignant) et j’ai voulu m’investir dans une œuvre de ‘hessed. Et c’est là que le « hasard » a bien fait les choses !

VH : Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec le Vaad ?

Rav Acher : Bien sûr, je peux tout vous raconter ! A l’époque, ma femme attendait notre quatrième enfant. Nous avions eu trois filles et c’était notre premier garçon. Nous étions donc très émus et impatients. En fin de grossesse, il y a eu des complications : le bébé se présentait en siège et les échographes avaient décelé des indices inquiétants : un point dans le cœur pouvait indiquer que le bébé n’avait qu’un rein. Nous étions extrêmement inquiets et nous avons passé tous les examens nécessaires mais les médecins restaient flous. Nous avons donc décidé de passer à l’action.

VH : Laquelle ?

Rav Acher : Ma femme m’a demandé de faire appel au Vaad Harabanim afin qu’il prie durant 40 jours d’affilée au Kotel.

VH : Pourquoi avoir demandé au Vaad d’intervenir ?

Rav Acher : De nombreuses personnes dans notre entourage nous avaient parlé de cet organisme. En Israël, sa notoriété est immense : des milliers de personnes font appel à lui. Nous étions convaincus qu’aider une association qui se mobilise – et crée autour d’elle un tel élan de solidarité – apporte une grande bénédiction. Et c’est justement ce dont nous avions besoin !

VH : Avez-vous rencontré personnellement les délégués du Vaad ?

Rav Acher : Cela s’est fait dans un second temps. Au départ, nous avons adressé un don et demandé au miniane qui se réunit au Kotel de prier pour que l’accouchement se déroule le mieux possible et que notre enfant soit en bonne santé. Grâce à D.ieu, tout s’est très bien passé et notre fils était parfaitement normal ! Il avait bien deux reins et aucune trace de tache dans le cœur ! Nous étions très soulagés et reconnaissants envers Hachem de nous avoir épargné de grandes souffrances.

VH : Comment êtes-vous devenu l’un des membres du miniane des 40 jours ?

Rav Acher : Peu avant l’accouchement, mon épouse venait de passer un nouvel examen. Elle était particulièrement anxieuse. La prière au Kotel avait déjà commencé et elle me demanda de me rendre également au Mur afin de prier. Un second « hasard » m’a mis sur le chemin du Vaad. J’avais prévu de faire la prière du matin au Kotel, au nets (lever du soleil). Mais j’en ai été empêché et j’ai dû remettre ce projet à plus tard. Toute la journée, une suite d’événements imprévisibles m’ont également poussé à repousser mon dessein : notre fille aînée s’est ouvert la paupière et j’ai du l’emmener aux urgences, l’un de mes élèves m’a retenu plus tard que prévu à la Yechiva… Bref, impossible de me rendre au Kotel. Le soir venu, j’ai dit à ma femme que j’allais enfin pouvoir aller prier. Après avoir réglé quelques affaires urgentes, j’ai pris le chemin de la vieille ville. Et là encore, D.ieu a guidé mes pas. Lorsque je suis arrivé au Kotel, il était près de minuit. Mais je ne pouvais toujours pas avoir accès au Mur ! En effet, c’était le jour de la remise des brevets aux élèves officiers et une foule immense occupait tout le parvis. Tout d’un coup, j’aperçus un groupe d’hommes qui se dirigeait, d’un pas sûr, vers le tunnel qui mène près du Kodech Hakodachim. Je leur demandai si je pouvais me joindre à eux. Ils acceptèrent.

VH : C’est là que vous avez prié pour la première fois avec le Vaad ?

Rav Acher : Exactement. Ce fut un moment d’une intensité incroyable, qui me donne encore aujourd’hui l’impulsion de toutes mes kavanoth (pensées durant la prière) !

VH : Qu’y avait-il de spécial ?

Rav Acher : Tout Juif devrait se rendre au moins une fois dans sa vie dans ce lieu exceptionnel ! Devant cette partie du Mur qui jouxte l’emplacement du Saint des Saints, le temps s’arrête. On a l’impression que seuls les battements du cœur sont perceptibles. Je ne parle pas du cœur physique, mais plutôt du cœur spirituel. C’est là que toutes les prières se réunissent avant de monter au ciel. Lorsque j’ai pénétré dans l’endroit où les Rabbanim prient, j’ai compris qu’il se passait là quelque chose de très important pour tout le peuple juif.

VH : C’est-à-dire ?

Rav Acher : Voir ces hommes recueillis et concentrés qui prononcent chaque nom d’une très longue liste comme s’il s’agissait de leurs propres enfants, est une expérience unique. Certains sont âgés mais ils ne semblent pas souffrir de la pesanteur du temps. Ils sont debout, imperturbables, et leurs voix ne faiblit pas. Chaque personne dans le besoin, chaque orphelin, chaque malade, est cité avec la même attention, le même dévouement.

VH : Vous avez alors voulu vous associer à cette œuvre ?

Rav Acher : Je me suis joint à eux et j’ai senti une force particulière en moi. Je ne sais pas si c’est grâce à l’endroit, au moment ou aux circonstances mais depuis ce jour, je ne prie plus de la même manière. Quand ils sont terminer de lire les Tehilim, ils ont commencé à mentionner chaque nom d’une liste qu’ils tenaient dans leur main. Et j’ai alors compris qu’ils étaient les délégués du Vaad Harabanim. J’ai senti qu’il fallait que je m’associe à ce groupe exceptionnel. Aujourd’hui, mon lien avec cette association est très fort puisque je compte parmi le miniane qui prie 40 jours consécutifs au Kotel !

VH : Quelles ont été les démarches que vous avez entreprises ?

Rav Acher : J’ai rencontré les Rabbanim qui dirigent l’Association afin de m’associer au miniane. L’un des responsables de l’équipe m’a contacté et m’a conseillé de bien réfléchir avant de m’engager : en effet, s’investir au Vaad est une tâche ardue.

VH : Pourquoi ?

Rav Acher : Pour ma part, je pense que c’est une vocation d’aller prier toutes les nuits au Mur des lamentations. Rien ne doit nous distraire de notre « avodath kodech » car nous sommes les envoyés du public (chalia’h tsibour). Malgré les impondérables, malgré les distances (j’habite un quartier assez éloigné de la vieille ville), malgré les difficultés météorologiques ou les empêchements familiaux, il faut être fidèle au poste ! Pour accomplir cette mission, il faut être un peu sportif, assez persévérant et très très motivé !

VH : Qu’est-ce qu’un chalia’h tsibour ?

Rav Acher : C’est donner tout son être. Quand je reçois la liste des demandes, j’essaye de prier pour chaque Juif avec autant de concentration que s’il s’agissait de mes propres enfants. J’essaye d’imaginer chaque situation et de donner un visage au nom écrit sur la liste. Il ne faut jamais tomber dans la routine et au contraire, s’investir totalement. Jusqu’à aujourd’hui, je suis ému comme la première nuit où j’ai prié.

VH : Quelles ont été les réactions de votre famille ?

Rav Acher : Le fait que je doive partir 40 jours d’affilée vers 23h30 demande de l’endurance ! Il est vrai que prier au Vaad Harabanim, c’est prier toutes les nuits, ce qui inclut les chabbath, les jours de fête, de demi-fête et le jour de Kippour. Parfois c’est la canicule, parfois c’est la tempête. Mais qu’importe, il faut braver les éléments naturels afin de s’élever et mériter de pouvoir remplir ce rôle. Mon épouse et mes enfants en sont très fiers.

VH : Que faites-vous si, par exemple, vous devez vous rendre à un mariage ?

Rav Acher : Dans les cas extrêmes, on peut trouver un remplaçant. Et si jamais on n’en trouve pas, il faut s’assurer que le miniane puisse fonctionner normalement. En effet, il compte 13 ou 14 hommes afin que les 40 jours ne soient jamais interrompus.

 

Pour 40 jours de prière consécutifs face au Saint des Saints, cliquez ici.