Face à la maladie ou au deuil, certaines familles se retrouvent à bout de forces. Grâce aux dons, le Vaad Harabanim leur offre un souffle vital : soins médicaux, soutien psychologique, aide matérielle. Derrière chaque chiffre, ce sont des visages d’enfants qui retrouvent la vie et l’espoir. Voici des témoignages poignants de trois familles parmi des milliers, qui montrent à quel point l’action sur le terrain du Vaad Harabanim est capitale. Interview croisée.
Quelle était la situation de votre famille au moment où la maladie de votre fille s’est déclarée ?
Chmouel Har Zaav : Ma fille Hanna avait trois ans et demi lorsque nous avons découvert qu’elle était atteinte de leucémie. La première fois, elle a été hospitalisée dix mois à Tel Hachomer. Elle a reçu une chimiothérapie lourde et, à notre immense soulagement, elle est sortie guérie. Mais quelques mois plus tard, la maladie est revenue. Au total, Hanna a dû traverser quatre épisodes de maladie, chacun plus dur que le précédent. Les trois premières fois, nous avons affronté la chimiothérapie à Tel Hachomer. Mais après la quatrième rechute, en Septembre, les médecins nous ont annoncé qu’il fallait envisager un traitement expérimental aux États-Unis, à Philadelphie. Ce fut un déchirement : quitter notre maison, emmener nos sept enfants, tout abandonner pour l’inconnu.
Qu’est-ce que les hospitalisations impliquaient pour votre famille ?
Chmouel Har Zaav : Ma femme et moi avons dû arrêter de travailler. Je dormais à l’hôpital avec Hanna. En parallèle, il fallait continuer à s’occuper de nos autres enfants, qui souffraient eux aussi énormément. Le suivi psychologique était indispensable, car ils vivaient dans l’angoisse permanente de perdre leur sœur. Mais comment payer tout cela ? Que ce soit en Israël ou aux Etats-Unis, les frais étaient très importants pour les traitements, la vie courante, les suivis psychologiques, les billets d’avion, la location d’un logement à Philadelphie, les frais médicaux… les sommes étaient astronomiques.
À quel moment le Vaad Harabanim est-il intervenu ?
Chmouel Har Zaav : Dès le départ. Le Vaad Harabanim a été présent à chaque étape. Il a mis en place un fonds spécial d’aide et nous a épaulé pour toutes les hospitalisations. Lorsque nous avons dû partir en Amérique, nous avions besoin d’une somme importante en urgence pour payer les vols. J’ai fait la demande et le lendemain, j’ai reçu les fonds nécessaires. C’était inespéré. Ensuite, de Pourim à Pessa’h, nous avons reçu tous les fonds nécessaires pour faire sauver notre fille et faire vivre notre famille. Le Vaad Harabanim n’a jamais laissé tomber, toujours présent, toujours à l’écoute. Aujourd’hui, Hanna a sept ans. Grâce au traitement à Philadelphie elle est vivante ! Nous devons rester aux Etats-Unis car elle suit encore un traitement à domicile, avec parfois des douleurs, mais beaucoup moins qu’avant. Grâce au fonds d’aide, nous lui avons sauvé la vie et pouvons continuer les soins jusqu’au bout.
David Choukroun, que retenez-vous de cette histoire ?
David Choukroun : Ce témoignage illustre parfaitement notre mission. Derrière chaque don, il y a une vie sauvée, des enfants qui retrouve leur équilibre malgré la tempête, des parents qui peuvent assurer le quotidien. La guérison de Hanna après quatre maladies successives prouve que chaque contribution est décisive. Même une petite somme peut se transformer en médicaments, en billets d’avion, en espoir. C’est la force de la solidarité : transformer la détresse en vie.
> Quand une maman s’éteint
Mais une autre histoire glace le cœur : celle de la sœur d’Acher Haïm Ifergan. Après des mois de lutte contre un cancer, elle s’est éteinte, laissant derrière elle quatre enfants en bas âge.
Acher Haïm, pouvez-vous nous raconter ce qui est arrivé à votre sœur ?
Acher Haïm Ifergan : Ma sœur a lutté des mois contre un cancer, mais malheureusement elle s’est éteinte. Elle a laissé derrière elle quatre enfants encore très jeunes. La plus grande avait cinq ans, la plus petite seulement dix-huit mois. Ces enfants ne comprenaient pas pourquoi leur maman ne revenait pas à la maison. Mon beau-frère, un jeune Avre’h, s’est retrouvé seul, sidéré, complètement brisé par la perte de son épouse.
Comment la famille a-t-elle vécu ces premiers mois ?
Acher Haïm Ifergan : C’était une épreuve de tous les instants. Le matin, il fallait préparer les biberons, les cartables, consoler les pleurs, tout en portant le poids d’un deuil insoutenable. Chaque geste du quotidien était un véritable défi car un père remplace difficilement une mère. La nuit, les enfants se réveillaient en appelant « Ima ». Mon beau-frère, épuisé, accourait, mais il ne pouvait pas combler ce vide immense. Sa douleur se mêlait à celle des enfants, et il devait pourtant continuer à avancer.
Comment les enfants ont-ils réagi à cette perte ?
Acher Haïm Ifergan : La fillette de cinq ans posait des questions terribles : « Pourquoi Hachem a pris Ima ? » Le petit de deux ans continuait à la réclamer. Et la plus jeune grandira sans souvenir d’elle, sans ces gestes simples, comme le baiser du soir. Le deuil à cet âge est un gouffre. Ils perdent non seulement une mère, mais aussi une sécurité émotionnelle essentielle à leur développement.
Le Vaad Harabanim est intervenu pour vous soutenir matériellement ?
Acher Haïm Ifergan : Oui, tout de suite. Un fonds spécial a été créé pour les orphelins. L’argent récolté ne rendra pas leur maman, mais il construit leur avenir. Cet argent sert à tout : l’aide domestique — mon beau-frère ne savait pas tenir une maison, préparer des repas, laver le linge —, les soins psychologiques pour que les enfants expriment leur douleur, des vêtements, de quoi manger sans se priver. Même des vacances après le mois de deuil, pour desserrer un peu l’étau du chagrin. Et demain, il servira aussi pour leurs mariages : un mariage, même simple, coûte autour de 35 000 euros, soit 140 000 euros pour les quatre enfants, et BH nous avons déjà pu réussir à réunir ces sommes.
Et vous, comment percevez-vous cette aide ?
Acher Haïm Ifergan : Chaque fois que nous avons un besoin précis, j’écris au Vaad Harabanim et l’argent arrive. Ils gèrent tout avec sérieux et dignité. Le Vaad ne donne pas seulement une aide matérielle, il redonne un souffle de vie.
David Choukroun : L’aide du Vaad Harabanim est d’abord matérielle, car l’argent est le nerf de la guerre. Sans ce soutien financier, les familles ne pourraient pas tenir : il faut payer les soins, l’école, parfois simplement de quoi manger. Mais elle est aussi psychologique : nous finançons des suivis auprès de psychologues pour les enfants et les parents. Et nous apportons la certitude qu’ils ne sont pas abandonnés. Chaque famille sait qu’elle peut compter sur une aide personnalisée, constante, ajustée à chaque moment de vie. C’est cette double dimension, matérielle et humaine, qui redonne aux familles la force de continuer.
> Le drame d’Elad
Le 5 mai 2022, à Elad, un attentat sanglant a bouleversé la vie de Madame Habakouk. Son mari, mécanicien automobile âgé de 44 ans, s’est battu de longues minutes contre deux terroristes armés de haches, permettant à de nombreuses personnes de fuir et d’être sauvées. Mais lui n’a pas survécu.
Rav Choukroun, pourquoi avez-vous souhaité nous présenter le témoignage de Madame Habakouk ?
David Choukroun : Parce qu’il illustre de façon bouleversante ce que vivent les familles après un drame d’une telle ampleur. Le mari de Madame Habakouk a été tué lors de l’attentat d’Elad, laissant une veuve et six enfants. Derrière ces événements que l’on lit dans les journaux, il y a une vie brisée à reconstruire jour après jour. C’est là que le Vaad Harabanim intervient, en donnant les moyens matériels et psychologiques afin de tenir debout.
Madame Habakouk, que s’est-il passé ce jour-là ?
Madame Habakouk : Mon mari a été attaqué par des terroristes armés de haches, juste en bas de notre maison. Pendant de longues minutes, il s’est battu contre eux, et a été très grièvement blessé, jusqu’à perdre la vie. Mon fils de six ans et demi était là. Il a tout vu. Par miracle, il a réussi à s’enfuir. Mais ces images ne le quittent pas.
Comment vos enfants ont-ils traversé ce drame ?
Madame Habakouk : Nous avons six enfants, cinq filles et un fils, de 6 à 17 ans. Le plus jeune revit la scène en fragments. Il a peur de sortir, peur des attentats. Pendant un an et demi, il n’a pas pu aller à l’école. Mes filles aussi ont été très touchées. L’une, âgée de 14 ans, refusait de sortir de son lit. La plus grande, 17 ans, n’a pas mis les pieds à l’école depuis trois ans. Le trauma ne s’efface pas. Je le sais, je suis assistante sociale. Moi-même, j’ai connu des épisodes d’épuisement extrême. La fibromyalgie et le poids du deuil me paralysaient.
La maison elle-même rappelait sans cesse l’attentat, n’est-ce pas ?
Madame Habakouk : Oui, il est mort devant notre maison. Les enfants voyaient chaque jour l’endroit où il était tombé. Les psychologues ont dit qu’il fallait rénover. Mais je n’avais pas un sou. Le Vaad Harabanim a tout pris en charge : les travaux, les soins psychologiques, les frais scolaires. Sans eux, je n’aurais pas tenu. Comment nourrir six enfants avec mon salaire de 6 000 shekels ?
Et votre mari, qui était-il ?
Madame Habakouk : Il vivait pour le Kidouch Hachem. Il s’occupait des enfants de la rue, les emmenait prier sur les tombeaux des Tsadikim. C’était un vrai Tsadik nistar (un juste caché). Sa mort est un Korban tsibour, un sacrifice pour tout Israël. Nous étions très actifs dans la communauté. Accepter de passer du rôle de celle qui donne à celui de celle qui reçoit a été très dur pour moi. Mais dès les Chiva, Rav Grossmann du Vaad Harabanim s’est mobilisé et m’a dit : donne-nous la possibilité de t’aider afin que nous puissions nous occuper des enfants.
Aujourd’hui, comment tenez-vous ?
Madame Habakouk : Le Vaad Harabanim ne nous a jamais laissés seuls. Aide financière, suivi psychologique, soutien pour les mariages à venir : ils sont là à chaque étape. La souffrance est toujours là. Mais chaque matin, je me lève pour mes enfants. Je n’ai pas choisi cette épreuve, mais Hachem attend que je continue. Et grâce au Vaad Harabanim, j’ai pu relever la tête et me battre pour eux.