Le monde juif est en deuil aux quatre coins du monde. Rav Haïm Kanievsky nous a quittés le lendemain de Pourim. Cette disparition a plongé les différentes communautés dans la tristesse. Le « Prince de la Thora », comme il était appelé depuis quelques années, avait la particularité d’être reconnu et aimé de tous, des Lituaniens ou des Séfarades, en passant par les ‘Hassidim.
Rav Chmaryahou Yossef Haïm Kanievksy est né le 8 janvier 1928 à Pinsk (actuelle Biélorussie). Il est l’aîné de la famille. Son père est le Rav Yaakov Israël Kanievsky (dit le « Steipeler ») et sa mère est Myriam Pessa Karelitz, la sœur de Rav Avraham Yechayahou Karelitz (dit le « Hazon Ich »). Il est âgé de six ans lorsque sa famille immigre en Palestine mandataire, et n’a jamais quitté Erets Israël depuis cette époque. Sa famille s’installe à Bné Brak, en banlieue de Tel Aviv. Déjà enfant, il fait preuve de grandes capacités intellectuelle et s’illustre dès le plus jeune âge dans l’étude de la Thora, qui restera, durant toute sa vie, l’eau vive à laquelle s’abreuve son âme et sans laquelle il ne peut vivre. Il étudie à la Yechiva de Lomza puis se marie avec Batcheva Elyachiv, la fille du grand décisionnaire Rav Yossef Chalom Elyachiv. Durant la majorité de sa vie, il étudie 17 heures par jour et se dévoue corps et âme à ses frères juifs, prodiguant conseils et bénédictions au public. Il publie des livres sur la loi et la foi juives devenus des références en la matière.
Ses enfants suivent son chemin et enseignent la Thora : Rav Avraham Yechayahou, Rav Chlomo, Rav Itsh’ak Chaoul, et ses filles, toutes épouses de Talmidé ‘Ha’hamim. Il perd son épouse en 2011.
Lorsque Rav Steinman disparaît en 2017, les communautés lituaniennes se tournent vers Rav Haïm Kanievsky qui devient leur dirigeant spirituel alors qu’il avait déjà été distingué par Rav Cha’h.
Durant sa jeunesse, Rav Haïm avait un jour expliqué qu’il avait contracté des « dettes ». Etonné, l’un de ses élèves lui avait demandé de quelles dettes il s’agissait. Rav Haïm lui répondit : « Je me suis fixé un programme d’étude précis et je dois remplir mon contrat. Il s’agit de dettes de Thora ! » Fort de cette volonté de fer, Rav Haïm finissait l’étude entière du Talmud une fois par an.
Son accueil du public fut la marque de son grand dévouement. Chaque Juif pouvait lui rendre visite et lui poser une question, demander un conseil ou une bénédiction. Rav Haïm savait se rendre disponible pour tous, même à un âge très avancé.
C’est avec le sentiment d’être devenus orphelins que nous nous rendrons à sa levaya, qui aura lieu demain dimanche 20 mars à Bne Brak.
Barou’h Dayan Haemet.
Rav Haïm et le Vaad Harabanim : un lien indéfectible
Rav Elyachiv crée le Vaad Harabanim en 1992, et il est soutenu depuis le début par son gendre, Rav Haïm Kanievsky. Celui-ci a à cœur de venir en aide à ses frères en détresse et répondra toujours présent, au fil du temps, aux appels de l’Association. Rav Haïm avait l’habitude de venir rendre visite deux fois par an à ‘hol hamoed à son beau-père. L’un de leurs sujets de conversation était le Vaad Harabanim afin de fixer les objectifs et les moyens d’aider le plus grand nombre possible de personnes dans le besoin. Dès lors, il n’a de cesse de soutenir le Vaad Harabanim. Peu avant son décès, son beau-père, Rav Elyachiv, avait adressé une bénédiction spéciale aux donateurs pour « les enfants, la vie et une bonne Parnassa ». Au moment de la disparition de ce dernier, Rav Haim reprend cette Bra’ha spéciale qui permet des délivrances. Rav Haïm affirment que ces mots ont une importance particulière. Ils deviendront d’ailleurs presque la « devise » du Vaad Harabanim.
Lors des fêtes juives, il encourage le public à donner au Vaad Harabanim. Que ce soit à Roch Hachana, à Kippour, à Soukot, à Hanouka, à Pourim, à Pessa’h ou à Chavouoth, il est toujours présent et donne sa bénédiction à tous ceux qui participent à l’œuvre du Vaad Harabanim. Il s’investit et donne de sa personne à chacune de ces occasions : il bénit les donateurs lors de ses prières, montrant l’exemple et s’illustrant par sa proximité bienveillante envers chacun.
L’Association était très importante à ses yeux. Il participait de façon active aux œuvres du Vaad. Encore dernièrement, lors de la campagne de Pourim, les délégués du Vaad se sont rendus à son domicile. Malgré son immense faiblesse, il a pris à cœur de vérifier toutes les aides octroyées cette dernière année par l’Association. Lorsqu’il a constaté l’ampleur des aides attribuées, il a été impressionné et a exprimé son émotion.
Ces dernières années, il a tenu à donner des bénédictions spéciales. Par exemple, lors des dernières campagnes, il a formulé la fameuse promesse à tous les participants du fonds de soutien aux victimes du Corona, qu’ils seraient protégés de la maladie.
Malgré le temps restreint dont il disposait, Rav Haïm recevait avec beaucoup d’attention les délégués du Vaad Harabanim. Dernièrement, il a de nouveau réitéré son soutien à l’Association en donnant sa bénédiction à inscrire sur une médaille. Pour le Vaad Harabanim, il prononçait chaque mot de ses bénédictions sans faire d’abréviation comme il en avait l’habitude.
Au moment de la fête de Hanouka, un tirage au sort désigne un délégué de la communauté française qui se rend en Erets à la rencontre de Rav Haïm. Chaque fois, celui-ci s’empressait de le recevoir en lui accordant une entrevue prioritaire. Le Rav lui montrait l’affection particulière qu’il avait pour les donateurs.
Un lien indéfectible le liait au Vaad Harabanim. Il était de toutes les batailles, pensant à chacun, aux déshérités comme à leurs bienfaiteurs.
Nous espérons qu’il continuera à protéger chacun d’entre nous et à intercéder en faveur de tout le peuple juif, réuni aujourd’hui pour le pleurer.