Entre la vie et la mort - Vaad harabanim : Vaad harabanim Entre la vie et la mort - Vaad harabanim

Entre la vie et la mort

Cette histoire a Ă©tĂ© publiĂ©e sur la demande de Rav ‘HaĂŻm Kanievsky

 

Ce matin-lĂ , nous avons eu l’impression que le ciel nous tombait sur la tĂȘte. L’annonce que nous venions d’entendre nous a plongĂ©s dans une panique indescriptible. Jamais nous n’avions ressenti le poids des mots comme ce jour-lĂ . Nous ne savions pas qu’une existence pouvait ĂȘtre bouleversĂ©e du tout au tout par quelques mots prononcĂ©s par un mĂ©decin.

 

Tout a commencĂ© il y a quelques mois. Ma femme Ă©prouvait des douleurs dans tout le corps, mais nous n’y avons pas prĂȘtĂ© attention, pensant que cela passerait.

 

Mais contrairement à nos prévisions optimistes, les douleurs ont augmenté.

 

Lors de notre premiĂšre consultation, le mĂ©decin n’était pas inquiet. Il nous a prescrit un traitement classique. Mais il n’y avait aucune amĂ©lioration. Il nous a ensuite prescrit la liste habituelle des antidouleurs. Aucun rĂ©sultat. Les douleurs au contraire ne faisaient que s’accentuer. L’inquiĂ©tude a commencĂ© Ă  nous gagner.

 

Ne constatant aucun progrĂšs, le mĂ©decin a demandĂ© Ă  ma femme de faire une sĂ©rie d’analyses approfondies.

 

Il serait difficile de dĂ©crire tout ce qui nous a alors traversĂ© l’esprit. Jamais je n’aurais pu imaginer que je serais la proie d’une telle angoisse. Une peur mortelle m’envahit.

 

J’étais constamment ballottĂ© entre l’espoir et le dĂ©couragement. Parfois, je pensais qu’on allait m’annoncer le pire. A d’autres moments, je tentais de me rassurer en me rĂ©pĂ©tant qu’il n’y avait rien de grave.

 

Tout en attendant les rĂ©sultats, nous avons essayĂ© de continuer Ă  vivre normalement, pour protĂ©ger les enfants. Mais ces derniers ont vite captĂ© qu’un danger nous guettait.

 

La terrible pĂąleur de ma femme, son visage plein de souffrance et mon expression tourmentĂ©e tĂ©moignaient clairement qu’il Ă©tait question pour nous de vie ou de…

 

J’atteignis alors les sommets de l’inquiĂ©tude. Et pourtant, lorsque le tĂ©lĂ©phone sonna un mardi matin, ma peur augmenta encore :

 

« Le mĂ©decin souhaite que vous vous rendiez d’urgence Ă  son cabinet » nous dit la secrĂ©taire d’un ton laconique. Cette demande ne prĂ©sageait rien de bon.

 

Nous nous sommes rendus sans attendre au cabinet et on nous a introduits immĂ©diatement chez le mĂ©decin. Il Ă©tait assis Ă  son bureau et faisait semblant de consulter le dossier qui Ă©tait entre ses mains. Il nous fit signe de nous asseoir. On aurait dit qu’il craignait de rencontrer notre regard.

 

Apres quelques minutes de silence, il nous annonça que les résultats des analyses étaient catastrophiques. Pour éviter de nous dire la vérité de façon trop brutale, il utilisait des termes médicaux compliqués. Mais la situation était terriblement claire. Ma femme avait une tumeur maligne et des métastases avaient commencé à se former.

 

Tout s’est mis Ă  tourner autour de moi, j’ai Ă©tĂ© pris de vertige, j’ai senti qu’à la place de mon cƓur s’ouvrait un gouffre Ă©norme, tout noir, je ne sentais plus rien, que du noir, du noir tout autour et un gouffre Ă©norme.

 

Le mĂ©decin nous a donnĂ© un verre d’eau. Il nous a parlĂ© des chances de guĂ©rison et des traitements sans penser que nous l’écoutions mais pour meubler un silence effrayant.

 

Je ne me souviens plus comment nous avons rĂ©ussi Ă  rentrer Ă  la maison. Je ne sais pas non plus oĂč nous avons puisĂ© les forces pour continuer Ă  vivre normalement. Nous savions seulement que Celui qui envoie l’épreuve envoie Ă©galement les forces pour la surmonter.

 

Nous avons commencé la chimiothérapie.

 

Celui qui ne connaüt pas ce traitement (que personne ne le connaisse jamais), ne peut imaginer les souffrances inimaginables qu’il provoque.

 

Cela ne ressemble Ă  aucune autre souffrance, Ă  aucune autre douleur.

 

Aux maux terribles que la maladie provoque s’ajoutent la douleur psychologique et la torture des soins de chimiothĂ©rapie.

 

AprĂšs 6 semaines d’enfer, nous avons pris un nouveau rendez-vous chez le mĂ©decin pour recevoir les rĂ©sultats du traitement. Qu’allait-on nous annoncer cette fois-ci ? Notre cƓur a recommencĂ© Ă  battre la chamade.

 

Je sentais que je devais absolument faire quelque chose. Et je savais que seul un miracle pouvait encore sauver ma femme. Il fallait qu’Hachem agisse au-dessus de la nature.