En effet, le lendemain matin, après avoir passé une nuit réparatrice dans leur petit hôtel de Boro Park, Chochana et Samuel placèrent, comme c’était leur habitude, leurs affaires de valeur dans le petit coffre de leur chambre. Après avoir mis la clef dans la poche de sa veste, Samuel descendit dans le lobby pour attendre sa femme. Il devait, ce jour-là, rendre visite à une cousine. Après le petit-déjeuner, Samuel et Chochana prirent le métro. C’était l’été, New York était une véritable étuve. Samuel retira sa veste et, sans qu’il s’en aperçoive, fit tomber la clef du coffre dans le wagon qu’il quitta quelques minutes plus tard. Après avoir passé la matinée chez leur cousine, Samuel et Chochana rentrèrent à l’hôtel. Cette dernière voulut retirer de l’argent du coffre et demanda la clef à son époux. « Bien sûr, je te la donne tout de suite », lui dit-il en souriant. Après avoir retourné une dizaine de fois toutes les poches de sa veste, Samuel comprit que la clef avait dû tomber dans le métro. Chochana s’engagea de nouveau à faire un don au Vaad Harabanim. « Allons dans le métro, nous la retrouverons sûrement », s’exclama-t-elle, pleine d’enthousiasme. Samuel était moins confiant. « Cela m’étonnerait beaucoup. Tu sais combien il y a de rames de métro, et de wagons sur la ligne que nous avons prise ? Je crois que tu n’es pas très réaliste » lui répondit-il en souriant, cette fois-ci avec un regard un peu triste. « Il faudrait mieux demander un double à l’hôtel. « Impossible, dit-elle, l’hôtesse de l’accueil m’a bien précisé qu’il n’en existait qu’une. Il faudrait faire sauter le coffre fort. Essayons d’aller dans le métro. Cela ne nous coûte pas grand-chose ! »
Quelques minutes plus tard, ils s’engouffrèrent dans la même bouche que le matin même. Ils se placèrent au même endroit du quai : ils entrèrent dans le wagon. Et là, à la stupéfaction de Samuel, ils virent une petite clef par terre ! « Incroyable » laissa échapper Samuel, incrédule. « Vraiment, je n’en reviens pas…