Il était 14h30. Dans une heure, l’avion allait atterrir sur l’aéroport de John Fitzgerald Kennedy, à New York. Anxieuse, Chochana regardait régulièrement sa montre. Elle s’imaginait à nouveau franchir les portes du contrôle de police. Elle ressentait déjà l’angoisse qui l’étreignait à chaque fois qu’elle devait affronter cette épreuve. Samuel, son mari, assis à côté d’elle dans le Boeing 777, en provenance de Tel Aviv, était plus confiant. Elle n’avait vraiment rien à se reprocher ! Alors pourquoi s’en faire ? Chochana était l’épouse d’un avre’h de Bné Brak, pas une terroriste ! Pourtant, Chochana, à cause des gerçures persistantes qu’elle avait aux mains, se souvenait avec inquiétude des nombreux problèmes rencontrés en arrivant aux Etats-Unis. Depuis les attentats du 11 septembre, les contrôles étaient devenus beaucoup plus sérieux. Systématiquement, les agents de sécurité relevaient deux empreintes digitales sur chaque passager international entrant aux Etats-Unis. Et pour Chochana, ce contrôle de routine se transformait en cauchemar. Lors de son dernier voyage, elle avait dû attendre plusieurs heures que la police puisse vérifier son dossier avant d’entrer sur le territoire américain. Après que les policiers aient recoupé son témoignage avec celui de son mari, et après les vérifications poussées de ses bagages, elle avait enfin pu franchir la frontière.
Il était 15h20. L’avion avait atterri avec quelques minutes d’avance. Chochana était de plus en plus stressée. Elle savait qu’elle n’était pas un passager lambda. Elle réunit ses affaires et descendit de l’appareil. Après avoir traversé la salle de transit, elle se retrouva face aux guichets de contrôle biométrique. L’agent lui demanda poliment de poser ses doigts sur l’appareil et constata immédiatement qu’il était impossible de prélever ses empreintes à causes des gerçures qui recouvraient ses doigts. Il commença à chercher une solution et se mit à réfléchir. Il lui dit d’un ton autoritaire qu’elle aurait sans doute à passer une autre série de contrôles. Chochana, intérieurement, s’engagea alors à donner une somme au Vaad Harabanim si elle pouvait passer sans encombre. Et à ce moment-là, précisément, l’expression du visage du responsable de la sécurité changea du tout au tout. Il lui tendit son passeport, rangea l’appareil de contrôle et lui fit un sourire bienveillant. « C’est bon pour cette fois-ci », déclara t-il. « Mais la prochaine fois, soignez vos mains, ce sera plus simple ! »
Chochana et son mari n’en revenaient pas. Ils prirent leurs papiers et s’avancèrent d’un pas pressé vers la sortie. Quel surprenant retournement de situation !
Deux autres aventures, tout aussi surprenantes, allaient rythmer leur séjour à New York.