Des milliers d’histoires de délivrances sont parvenues au Vaad Harabanim au fil des années, et chaque fois, le cœur se soulève d’émotion. Les manifestations de la Présence divine nous font vibrer de gratitude. Merci au Maître du monde pour la protection prodigieuse qu’Il octroie à ceux qui prennent soin de Ses enfants. Merci pour le mérite de la Tsedaka au Vaad Harabanim.
« C’est un miracle que vous soyez encore ici ! » Ma mère détache Netanel de sa poussette et couvre ses joues rondes de baisers. « Comment aurais-je pu vivre loin d’un enfant aussi merveilleux ? » « Bon, bon… » Je marmonne avec gêne, en la suivant dans la cuisine, où ma sœur Sari fait frire de délicieux pancakes.
« Prends-en aussi pour Yo’heved. » Elle m’emballe une petite pile de pancakes, verse généreusement du sirop d’érable dessus. « Et ne partez pas en Israël, d’accord ? »
« Pourquoi reparler d’Israël ? » dis-je un peu irrité. Mais personne ne m’écoute. Tout le monde s’agite autour de Netanel, mon fils de deux ans, lui demande de répéter ses petits tours, rit quand il trempe sa main dans le sucre glace, se précipite pour filmer ses facéties.
Et moi ? Je rêve de la Terre d’Israël. Notre appartement new-yorkais est confortable, mais moi, je voulais autre chose. Je voulais vivre à Jérusalem, près de la Yechiva. Me délecter chaque jour de l’étude, de cette douceur unique qu’on ne goûte qu’en Erets. Me tenir à l’ombre de mon Rav. Élever mes enfants dans l’atmosphère de la Terre Sainte.
Autrefois, quand nous étions un jeune couple aux yeux pleins de feu, Yo’heved se confiait à moi et son rêve était le même que le mien.
« On vivra ici deux ans » — m’avait-elle promis durant nos fiançailles. « Et ensuite, on montera en Israël. » Mais la vie et ses aléas ont été plus forts que cette ferveur. Elle a été embauchée dans un cabinet d’architecture prestigieux, Netanel est né, et le quotidien s’est installé avec une routine trop confortable pour qu’on puisse changer de vie.
« Mon hébreu est nul ! » protestait Yo’heved quand je lui reparlais de notre projet initial répondait « Je travaillerai dans quoi là-bas ? »
Une année est passée, puis une autre. Chimon a rejoint la famille, Netanel a fêté sa ‘Halaké, et Yo’heved ne voulait plus entendre parler de déménagement.
« On était jeunes et naïfs. Qui quitte sa famille et s’exile ? Ce n’est pas raisonnable. » Mon rêve s’était presque éteint.
4 heures avant Roch Hachana, comme chaque année, j’ai appelé le Vaad Harabanim pour faire un don. Je voulais me joindre à cette prière spéciale au Kotel. J’ai donné les coordonnées de ma carte, transmis des noms, remercié pour les bénédictions.
« Attendez ! Allô ? Allô ? »
« Oui ? »« Notez une autre requête » ai-je dit. « Priez pour Yo’heved bat Léa, pour qu’elle veuille monter en Erets Israël. »
C’était peut-être une demande étrange, mais qu’importe. Il fallait tenter. Je n’en ai parlé à personne. Les fêtes sont passées, la Souka a été démontée. J’ai repris le Kollel pour le « Zman ‘horef », et un soir, Yo’heved m’attendait, les yeux brillants.
« J’ai quelque chose qui va te rendre heureux… » dit-elle, rayonnante.
Une de ses amies, en Israël, l’avait appelée. Ils cherchaient une architecte dans le cabinet où elle travaille — et ils voulaient justement une anglophone !
« C’est une super opportunité pour nous ! » Yo’heved s’enthousiasmait.
Soudain, elle oubliait ses peurs, la distance, les difficultés… « Je sens que le Saint Béni Soit-Il m’appelle à me rapprocher de Lui… On part, d’accord ? » « Évidemment ! » Je n’allais pas m’y opposer… L’année commençait bien.
À la lecture de ce témoignage, comme pour tous ceux que nous recevons, nous sommes bouleversés par l’impact de la Tsedaka, qui permet aux uns de retrouver leur dignité et aux autres d’être entendu par le Ciel !