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Une parure de lumière dans un écrin de pureté

 

Il y a des histoires qui émeuvent l’âme jusqu’au tréfonds. Il y a des histoires remarquables et intenses auxquelles aucun d’entre nous, même le moins sensible, ne peut rester indifférent. C’est avec une émotion toute 

particulière que nous vous livrons aujourd’hui l’histoire vibrante d’une mère qui donna son bien le plus précieux afin que son enfant, son fils tant aimé, ne se perde dans le tourbillon de la vie.

C’est au Vaad Harabanim qu’est parvenue la lettre anonyme retraçant cette histoire.

La voici.

 

Le Rabbi de Berdichev était l’ardent défenseur du peuple juif. Il savait interpréter les actions de ses frères humains en leur faveur et mettait toujours en avant leur grandeur d’âme. S’il avait eu connaissance de l’histoire que nous vous présentons aujourd’hui, il aurait sans doute déclaré qu’elle était capable d’annuler les dangereux décrets qui planent sur Israël. En effet, ce sont parfois des actes emprunts de simplicité et de noblesse qui peuvent infléchir le cours des événements. L’intention d’une mère au cœur pur et désintéressé est parfois plus chère aux yeux d’Hachem que les grandes actions ostentatoires.

 

Tous les bénévoles du Vaad Harabanim le savent : si la tâche est ardue du point de vue technique, elle l’est aussi au niveau émotionnel. Tous les jours, des récits de drames parviennent au siège de l’Association : des parents au chevet de leur fille de 10 ans atteinte d’une maladie grave, des enfants orphelins de père et de mère, endeuillés à la suite d’un accident de la route, des personnes âgées livrées à elles-mêmes sans ressources ni famille. Ces cas et bien d’autres encore sont la triste réalité à laquelle doivent faire face les délégués de la plus grande caisse de tsedaka d’Israël.

Ce jour-là, Mena’hem, bénévole au Vaad, était assis à son bureau et classait le courrier, comme tous les matins. Bien sûr, il ne lisait pas toutes les lettres qui formaient de grandes piles sur la table. C’était le travail que devait accomplir le département « Une promesse un espoir », chargé de collecter les lettres les plus marquantes en vue d’une éventuelle publication. Pourtant, ce matin là, il tenait entre les mains une enveloppe kraft dont les aspérités laissaient deviner la présence d’un objet. Mena’hem fut alors tenaillé par une curiosité soudaine. Que contenait donc cette enveloppe d’aspect si banal ? Intrigué, il la décacheta et en sortit un magnifique collier en or. Il pensa immédiatement qu’il s’agissait d’une erreur. Pourtant, en relisant l’adresse inscrite sur l’enveloppe, il constata avec stupéfaction qu’elle était bien adressée au Vaad Harabanim. De plus en plus étonné, il lut la lettre. Voici sa traduction intégrale.

 

« A l’attention du Vaad Harabanim

Je vous écris après une longue période de doute et de peine. Mon mari et moi-même avons dû nous rendre à l’évidence : notre fils Natanaël (nom fictif), un ba’hour intelligent qui réussissait très bien dans ses études et s’y adonnait avec beaucoup de sérieux, a trébuché sur les nombreux écueils de la vie.

Tout a commencé à cause de mauvaises fréquentations. Au départ, il a délaissé ses études. Mais bientôt, son comportement s’est dégradé au point qu’il a renoncé à pratiquer la Thora et les mitsvoth. Et lui, ce garçon si dévoué, a tout abandonné et semblait même nous mépriser !

Mon cœur s’est brisé, j’étais inconsolable. J’ai tout essayé pour le dissuader de suivre cette mauvaise pente mais rien n’y a fait, ni les menaces ni les promesses. Il restait sourd à toutes mes supplications. J’ai alors fait appel à des spécialistes mais en vain : il refusait tout contact avec moi et avec les éducateurs auxquels je faisais appel.

Je voulais faire un don important à votre association car je connais la force de la tsedaka mais, malheureusement, je n’en ai pas les moyens. Nous peinons à boucler les fins de mois et nous ne disposons d’aucune liquidité. Cependant, je tenais à vous faire parvenir quelque chose qui m’est cher afin que cela profite à une bath Israël. Car je sais que D.ieu réjouit nos enfants si nous réjouissons les siens. Or, les enfants d’Hachem, ce sont les Juifs qui souffrent et qui sont dans la détresse matérielle.

J’ai donc décidé de joindre à cette lettre le seul collier que je possède. Il est en or 14 carats. Je vous le donne le cœur plein d’amour et d’espoir afin que vous l’offriez à une kala déshéritée qui pourra ainsi se réjouir le jour de son mariage. Je vous donne mon seul bijou afin que D.ieu me rende un trésor qui m’est encore plus précieux, mon fils chéri.

Pouvez-vous joindre le nom de Natanaël aux prières du Chlah qu’un miniane de tsadikim doit bientôt adresser au Ciel ? Ainsi, vos saints Rabbanim pourront déchirer les cieux par leurs larmes. Hachem interviendra et sauvera mon fils afin qu’il soit libéré de ses chaînes. Que D.ieu ouvre les yeux de Natanaël et que celui-ci puisse voir la merveilleuse lumière de la Thora et des mitsvoth. Qu’il ait le mérite de construire un foyer pur au sein du clal Israël. Je vous écris cette lettre en pleurant. Je dois arrêter car des larmes recouvrent mon écriture et trempent le papier. Merci de m’aider et de bien vouloir aider mon enfant. Je vous prie de bien vouloir publier cette lettre afin que tous puissent prier pour Natanaël. »

 

Mena’hem était aussi ému qu’impressionné. Cette lettre était si touchante ! L’acte qu’elle relatait était si pur ! Il s’imaginait cette mère éplorée appelant Hachem dans l’obscurité. Il l’imaginait placer son unique bien dans cette enveloppe, la regarder une dernière fois et prier afin que son fils puisse profiter du mérite de ce don si particulier. Il s’imaginait son visage bouleversé, un sourire aux lèvres et des larmes coulant sur ses joues à la pensée que ce collier pourrait réjouir une jeune fiancée sous le dais nuptial.

Son geste aurait la force de changer la face des événements, il en était certain. Mena’hem s’empressa de faire partager cette lettre avec les autres bénévoles présents ce jour-là au Vaad Harabanim, selon la demande même de cette femme : publier la lettre afin que le plus grand nombre puisse prier pour son fils. Tous furent bouleversés par cette âme juive aimante qui pleure afin que son fils chéri revienne à la lumière. Tous furent troublés par la sincérité de cette femme qui avait envoyé cette lettre comme on jette une bouteille à la mer. Son collier d’or ressemblait à une parure de lumière dans un écrin de pureté.

Lorsque la lettre parvint aux Rabbanim, ils décidèrent de l’apporter, avec les autres dossiers parvenus au bureau cette semaine-là, aux Grands de la génération afin qu’ils s’associent à la prière en faveur du jeune Natanaël. Rav Yossef Chalom Eliachiv bénit le ba’hour du plus profond de son cœur, en priant pour qu’il puisse retrouver une vie heureuse.

La lettre fut ensuite déposée au domicile du Gaon Rav Haïm Kanievsky. Celui-ci reçut chaleureusement les délégués du Vaad Harabanim venus recueillir sa bénédiction. Qui, comme lui, sait à quel point combien cette Association, grâce à la sollicitude des donateurs, aide ses frères juifs dans la détresse ?

Quand Rav Kanievsky entendit l’histoire de cette mère aimante, ses yeux chaleureux se plissèrent d’émotion. Il regarda le collier et déclara simplement : « Je bénis ce jeune homme afin qu’il puisse retourner dans le droit chemin. » Puis, se tournant vers les Rabbanim du Vaad, il poursuivit : « Cependant, il n’y a, dans cette histoire, rien de nouveau ! Ce sont des choses qui arrivent tous les jours. » Les délégués n’en croyaient pas leurs oreilles : qu’y avait-il de si banal dans ce don adressé avec ferveur et abnégation ?

 

 

Rav Haïm ajouta avec un sourire plein de considération : « A chaque heure du jour et de la nuit, aux quatre coins du monde, les Juifs font des dons et prennent en pitié leurs prochains. Chacun donne ce qu’il peut, selon ses

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 moyens. Mais tous renoncent à une partie d’eux-mêmes. Le geste de cette femme est bouleversant, à l’image des milliers de dons qui sont autant de sacrifices offerts par les Juifs sur l’autel de la tsedaka. »

Un grand de la génération comme Rav Haïm Kanievsky connaît la situation des désœuvrés et participe activement à leur prompt rétablissement. Il est le centre vers lequel convergent toutes les questions difficiles, le cœur vibrant vers qui se tournent toutes les âmes tourmentées en quête de consolation. Son écoute est attentive et son dévouement infini.

Et effectivement, les Rabbanim et les bénévoles du Vaad le savent bien : donner de tout son cœur permet de voir se réaliser de véritables miracles. Point de magie, point de mécanisme automatique. C’est grâce à la volonté de donner et d’aider que l’on mérite d’être aidé. C’est en dédiant ce que l’on a de plus cher, c’est en se tournant vers l’autre, que l’impossible peut se produire.Rav Haïm réfléchit encore un moment et déclara : « Voilà la force de la tsedaka : plus on donne de nous-même, plus la délivrance est grande et éclatante. »